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Comment savoir si votre matériel de musculation est fonctionnel ?

Ce titre a besoin de quelques explications.

Tout d’abord, qu’est-ce que j’entends par fonctionnel ?

La définition de fonction est associée à un grand nombre de thèmes et d’environnements :

La chimie, l’économie, l’informatique, la linguistique, les mathématiques, la politique, la sociologie….

En économie, par exemple, la définition de la fonction est celle-ci :

« Ensemble d’opérations coordonnées qui, dans l’entreprise, tendent à la réalisation des objectifs qu’elle se fixe.« 

Considérons que vous êtes l’entreprise et que le matériel dont vous vous servez représente l’ensemble des opérations qui devront être coordonnées afin que vous réalisiez vos objectifs.

Nous pouvons remarquer alors que la fonction est étroitement liée au rôle.

Quel est donc le rôle de l’outil (L’appareil de musculation, ou le banc d’ailleurs) dont vous vous servez pour réaliser vos objectifs ?

Son rôle est de vous aider de la façon la plus opérationnelle possible à accéder à vos objectifs de développement musculaire, de tonification musculaire, de perte de poids, d’amélioration de vos qualités physiques et que sais-je encore…

Un rôle très important.

Ainsi, l’appareil de musculation ou le banc est à votre disposition, à votre service pour faciliter votre travail grâce à son ergonomie et à son adaptabilité en fonction de la personne que vous êtes.

La personne que vous êtes, sous-entends la personne que vous êtes physiquement, votre format, votre taille, votre mobilité, vos capacités physiques.

Au cours de mes 40 ans de pratique, j’ai eu l’occasion de m’entraîner sur des dizaines de marques différentes, parfois même sur du matériel artisanal et dans des centaines de salles.

Il m’est arrivé assez souvent d’être stupéfait par la médiocrité du matériel.


Je me posais tout le temps les mêmes questions :

Mais comment est-il possible de faire ce type de matériel ?

Qui l’a conçu ?

Peut-être un ingénieur qui n’a aucune notion des règles basiques d’ergonomie, de biomecanique*et certainement aucune approche de la pratique de la culture physique ?

*Biomécanique vient de biologie (science du vivant) et de mécanique (science physique d’étude du mouvement, des déformations ou des états d’équilibre des systèmes physiques).

La biomécanique consiste donc à appliquer les lois de la mécanique à la biologie.

On l’appelle également la physiologie du mouvement.

C’est l’étude des fonctions et des propriétés du mouvement dans le corps humain.

Peut-être a-t-il été aidé par des pratiquants peu expérimentés ?

…Un beau-frère qui fait de la muscul…

Pourquoi y a-t-il dans la même gamme, du matériel intelligent, donc parfaitement opérationnel, et par ailleurs, du matériel dont on ne peut pratiquement pas se servir ?

Et celui qui l’a acheté, pourquoi ne l’a-t-il pas essayé ?

Ou alors, il l’a effectivement essayé mais finalement sans se rendre compte à quel point ce matériel était non fonctionnel ?

Je me suis ainsi très souvent rabattu sur le travail aux barres et haltères qui sont d’une fidélité à toute épreuve.

Ceux-ci ne nous grugent pas.

Vous pouvez bien sûr gruger, vous gruger vous-même et vous faire croire à des performances que finalement vous n’êtes pas capable de réaliser si vous respectiez les règles de bonnes pratiques et si votre partenaire d’entrainement était moins costaud…

Mais lorsque vous tirez ou poussez dans les règles de l’art, 10, 50, ou 100 kg, sans l’aide de poulies ou autres cames, alors vous savez exactement ce que vous faites.

Vous savez si vous êtes réellement efficace et quelles sont vos limites.

Que vous soyez à Paris, Monaco, Montréal ou à Los Angeles, dans ces conditions de bonnes pratiques, vos performances seront identiques.

Ce qui ne sera certainement pas le cas lorsque vous changerez de marque d’appareil de musculation.

Si vous êtes pratiquant depuis un certain temps et si vous avez eu l’occasion de vous entraîner dans différents endroits avec du matériel différent, vous le savez, « 100 kg n’est pas toujours 100 kg« .

Néanmoins, la fête peut être encore gâchée même lorsque l’on travaille au poids et haltères, par des bancs peu ou pas stables et / ou trop larges, limitant considérablement les mouvements sur la phase excentrique ou parfois même ne possédant pas une plage d’inclinaison suffisamment importante pour réaliser un travail précis sur tel ou tel faisceau musculaire.

Je pourrais parler également des reposes barres qui accompagnent les bancs plats, inclinés ou à 90°, mal disposés, trop loin ou trop près de la trajectoire d’exécution.

Si vous lisez régulièrement mes articles ou mes posts, vous savez quelle est ma philosophie concernant la culture physique.

Une fois de plus, je vous engage à télécharger gratuitement mon e-Books qui en fait état précisément.

« Les 10 règles essentielles pour progresser après 40 ans »

Mon approche est évidemment étroitement liée à l’efficience de la fonctionnalité du matériel de musculation.

Je vous en rappelle quelques points que l’on peut directement associer au matériel, j’y suis donc absolument attaché, ce sont pour moi des paramètres fondamentaux.

1) L’amplitude du mouvement

Le matériel doit bénéficier d’une amplitude qui permette aussi bien et dans les mêmes conditions à une personne d’1,55 m ou à une personne d’1,95 m de réaliser ses mouvements sans contrainte et sans réduire la distance d’exécution.

L’amplitude, la distance d’exécution ou l’empattement, participent pour une partie importante à l’intensité que vous allez vous imposer mais augmentent également la contribution d’autres groupes musculaires essentiels comme par exemple les fessiers pour la flexion.

En effet, lorsque vous travaillez à la presse, si celle-ci ne vous permet pas de descendre suffisamment pour cause de butée mal ajustée qui vous empêche d’aller au-delà d’une demie flexion, alors, vous ne solliciterez pas les glutéaux (fessiers) dans votre mouvement, ni les ischios-jambiers, ni les adducteurs d’ailleurs dans une variante sumo qui implique une amplitude importante particulièrement sur la phase excentrique.

Ce sera la même chose pour l’ensemble des mouvements que vous devrez exécuter avec matériel.

Il y a des machines à développer pour les pectoraux qui ne vous permettent pas d’exploiter la phase excentrique comme il le faudrait.

Il m’est arrivé de m’entraîner sur des machines qui m’empêchaient d’aller jusqu’au bout de la phase concentrique à cause d’une butée prématurée…

Si j’avais fait 1,90 m ou plus, j’aurais à peine pu détendre mes bras au-delà d’une demie extension des coudes.

Vous l’aurez donc compris, un matériel qui ne permet pas l’exécution à amplitude complète est un matériel inopérationnel.

2) L’inertie

Qu’est-ce que c’est que l’inertie ?

Voici la définition que nous pourrions donner à l’inertie:

« C’est l’état d’une personne oisive, le désœuvrement, l’inaction.

L’état de ce qui est inerte.

C’est l’absence d’énergie physique ou morale, un état apathique.

C’est aussi la propriété d’un corps inerte à offrir une résistance au mouvement en raison de sa masse.

L’Inertie d’un muscle c’est la perte de sa capacité de changer de forme, de se contracter.« 

C’est donc l’antagoniste de l’action, l’action étant le mouvement.

L’inertie est « l’ennemi » de l’intensité musculaire.

L’action par opposition à l’inertie est un paramètre d’intensité essentiel en culture physique.

Malheureusement, le matériel de musculation est souvent soumis à un manque de linéarité.

La tension, la résistance imposée par la machine lors du mouvement, n’est pas égale lors de l’exécution des deux phases de contraction (phase concentrique et excentrique).

Vous passez d’un état de tension élevée, où il est parfois difficile d’exécuter le mouvement, à une chute importante de la résistance…et réciproquement.

C’est un vrai problème lorsque l’entraînement est soumis à des règles de bonnes pratiques basées sur le tempo par exemple.

Celui-ci demande par définition que l’exécution soit rythmée, totalement contrôlée, sans accélération ni temporisation forcée.

Ce n’est pas l’outil qui doit décider de ce que vous devez faire et comment le faire, il est à votre disposition pour ne surtout pas vous gêner.

A fortiori, lorsque le mouvement est parfaitement conscientisé*, toutes contraintes extérieures doivent être exclues.

*Exécuté avec conscience, en impliquant la réflexion avec un esprit parfaitement concentré, présent, impliqué

Pour quelle raison le matériel de musculation est-il soumis à l’inertie ?

Parce qu’il est mal conçu !

Je vous l’accorde, cette réponse a le mérite d’être claire mais elle manque de précision.

Les facteurs sont donc multiples:

  • Le frottement des parties coulissantes
  • La qualité des poulies, leur disposition et leur forme.
  • Les matériaux ou systèmes utilisés pour tracter les charges à plaques: chaîne, câble, câbles gainés, bandes nylon type ceinture de sécurité, bandes caoutchouc renforcées…
  • Les cames dites « ergonomiques » mais qui n’en ont que le nom et pas la fonctionnalité
  • La longueur des segments des bras de levier
  • Les axes de rotation des bras de levier
  • Les mauvaises trajectoires de convergence

Les angles, les distances ainsi que les points d’inertie sont improductifs, anti intensité, anti développement musculaire, anti développement des qualités physiques.

Ils nous font perdre un temps précieux.

Ce temps précieux perdu lors de l’exécution déplorable des flexions d’avant-bras sur bras pour les biceps par exemple.

Ne lancez pas vos haltères ou votre barre en bas du mouvement, je parle du début de la phase concentrique, comme si vous jetiez un caillou, vous vous engagez à cet instant dans un angle d’inertie ou la tension n’est plus.

Vous perdez un pourcentage important d’intensité, 15, 20, 25 %, parfois plus.

Lorsque vous arrivez avec ces mêmes haltères ou cette même barre en haut du mouvement, qui devrait être le pic du travail concentrique et que vous vous reposez en bloquant haltères ou barre sur vos deltoïdes et vos pectoraux, vous êtes hors tension musculaire, vous êtes sur un « point d’inertie. »

Vous avez mis un stop à la tension continue, vous avez fait chuter d’un coup l’intensité musculaire.

De plus, ce type d’exécution où les pratiquants jonglent principalement avec les angles et les points d’inertie, multiplie les risques de blessures.

L’inertie est une porte de sortie, une fenêtre de repos.

Ce n’est pas un axe de progression, c’est tout le contraire.

Cet exemple caractéristique de non contrôle des flexions pour les biceps sort du contexte du sujet lié au travail des machines.

Néanmoins, il est une parfaite illustration d’inertie improductive que l’on voit partout dans toutes les salles de culture physique.

3) L’ergonomie

En voici la définition :

« Étude scientifique des conditions de travail et des relations entre l’être humain et la machine.

Adaptation d’un environnement de travail (outils, matériel, organisation…) aux besoins de l’utilisateur. »

L’ergonomie est donc une discipline scientifique qui met en exergue la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, pour améliorer le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes.

En d’autres termes, vous devez d’une part vous sentir bien quand vous êtes installé sur le matériel avec lequel vous vous entraînez et d’autre part, celui-ci doit faciliter l’amélioration de vos performances.

Voilà ce qu’est le matériel de musculation ergonomique.

Je rajouterais une chose, tout comme pour l’amplitude, le matériel doit pouvoir s’adapter et dans les mêmes conditions, à une personne d’1,55 m ou à une personne d’1,95 m, lui permettre de réaliser ses mouvements sans contrainte et sans réduire la distance d’exécution.

L’ergonomie du matériel de musculation doit s’adapter à votre format, votre taille, votre mobilité, vos capacités physiques.

Un autre point qui a trait à l’ergonomie et à l’adaptabilité fonctionnelle:

Parfois le fabricant vous promet que son matériel vous permettra de travailler tel ou tel groupe musculaire ou telle ou telle partie d’un groupe musculaire en communicant même directement sur la structure ou le carénage de la machine…

…et finalement il n’en est rien.

On vous promet, par exemple, un travail analytique des pectoraux sur le faisceau claviculaire alors que la façon dont la machine est conçue l’exclue formellement.

Je me suis entraîné sur certaines presses qui annoncent la couleur en rouge sur l’ensemble du bas du corps.

Mais en réalité, l’étroitesse du plateau où vous placez vos pieds, le positionnement de votre corps par rapport à ce même plateau et l’impossibilité de fléchir à pleine amplitude vos cuisses, interdisent évidemment la sollicitation du grand fessier, du moyen fessier, des ischio-jambiers et des adducteurs.

Matériel inopérationnel une fois de plus !

Les machines pour les biceps, machines Larry Scott y comprises, sont-elles aussi fort souvent des catastrophes en physiologie du mouvement.

Elles sont difficiles à « dompter ».

Les difficultés commencent d’abord au moment où l’on doit trouver la position adéquate, la fameuse position où l’on se sent bien.

Cette position où le dos est convenablement « calé », où les bras ne souffrent pas d’être trop écrasés et les articulations des coudes trop stressées…

…Cette position idéale qui permet d’opérer une exécution dans les règles de l’art qui devrait exclure aussi le manque d’amplitude mais également toute inertie

…Et bien cette position idéale, propre à un matériel efficient, vous devrez parfois la chercher longtemps.

Ou alors, vous serez dans l’obligation de vous mettre au service de l’outil et de devenir ergonomique à votre tour.

Sans compter que vous allez devoir composer avec la courbe totalement improbable qui accompagne la flexion des biceps et, qui selon le constructeur, serait parfaitement biomécanique.

Là aussi, vous allez devoir vous contorsionner et vous adapter à cette flexion imposée.

Mais une fois de plus, qui conçoit le matériel et qui le teste ?

Prenez dès à présent des cours de contorsionnisme ou changez de salle.

En conclusion :

Dans tous les cas, que la marque ait une grande notoriété ou pas, des moyens importants ou pas, la qualité doit être intrinsèquement liée à l’approche physiologique du mouvement.

C’est LE point fondamental.

En bourlinguant de salles en salles et de machines en machines, je me suis aperçu que ce n’était pas une question de moyens.

Je me suis entraîné sur du matériel artisanal infiniment mieux conçu, infiniment plus respectueux des paramètres d’intensité, que j’ai décris ci-dessus, que certaines grandes marques qui inondent le marché des salles de remise en forme.

Bien faire n’est évidemment pas ce qui coûte le plus cher.

Ce n’est qu’une affaire d’expertise, une affaire de « savoir » uniquement et c’est tout.

On ne mesure pas la qualité du matériel à sa notoriété, son design, aux couches de peinture sur la structure métallique ni aux surpiqûres et à la qualité du skaï de la sellerie.

Ce que je vous explique vous semble logique ?

Prenez le temps de réfléchir avant d’agir.

Philippe LAMACHE

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À propos de l'auteur Philippe LAMACHE

Je m’appelle Philippe LAMACHE, je suis coach sportif, coach mental, spécialisé dans l’alimentation et les compléments alimentaires pour sportifs ainsi que dans l’alimentation santé. Depuis plus de 35 ans, je coach des hommes et des femmes pour la pratique pure de la culture physique mais également pour améliorer les qualités physiques d’athlètes amateurs et professionnels, dont quelques champions, et cela dans bon nombre de sports individuels et collectifs.

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